Saint-Aubin, son Biotope, ses zones ZNIEFF

Située à cheval entre la Seine et son bras mort, l'île du Noyer , régulièrement inondée par les eaux de la Seine constitue un écosystème favorable à l'épanouissement d'espèces animales et végétales rares.

Le Biotope de Saint-Aubin-lès-Elbeuf

Zone Biotope en vert bleuté.
NB : Cliquez sur la carte pour ouvrir le lien vers le site de cartographie de la Préfecture de la Haute-Normandie

Intérêt biologique du site

Une grenouille, un crapaud et un brochet sont à l'origine de la création d'un "Biotope" sur l'île du Noyer. La "Rana ridibunda" dite "grenouille rieuse", son compère le "Pélodyte ponctué", petit crapaud, et le sieur brochet "Esox lucius " font en effet partie de la liste des espèces d'amphibiens et poissons protégés en France du fait de leur très faible population.

L'écosystème de l'île du Noyer étant favorable a leur développement, leur reproduction, leur alimentation et leur repos, une zone de protection délimitée dite "Biotope", située à cheval sur les communes d'Elbeuf et de Saint-Aubin-lès-Elbeuf, a été instaurée entre la Seine et son bras mort. 

Cet arrêté leur permet de bénéficier de mesures de protection réglementaires ou contractuelles qui permettent leur sauvegarde. Pour le respect des espèces naturelles, les 13,64ha de la zone "Biotope" sont interdits d'accès.

L'attribution d'arrêté de biotope est exceptionnelle. En Seine-Maritime, il y a 4 arrêtés de protection de biotope publiés et 3 en cours d'instruction.

Saint-Aubin et ses zones ZNIEFF

L’inventaire des ZNIEFF est un programme initié par le ministère Bouchardeau (loi du 12 juillet 1983 dite Loi Bouchardeau) chargé de l’environnement et lancé en 1982 par le Muséum national d'histoire naturelle. Il correspond au recensement d’espaces naturels terrestres remarquables dans les vingt-deux régions métropolitaines ainsi que les départements d’outre-mer.

Les zones ZNIEFF sont en vert clair, la zone Biotope en vert bleuté.

On distingue clairement une première zone ZNIEFF sur et dans le prolongement et à cheval sur le biotope.
Une deuxième se situe près du champs de course.

NB : Cliquez sur la carte pour ouvrir le lien vers le site de cartographie de la Préfecture de la Haute-Normandie

Pourquoi un arrêté de biotope sur l'île du Noyer?

L’île au Noyer est une ancienne annexe hydraulique de la Seine située en rive droite sur la commune de Saint Aubin les Elbeuf , secteur du fleuve soumis à la marée dynamique. Cette zone présentait un important potentiel vis à vis de la reproduction du brochet.

Cependant, dans la deuxième moitié du XXe siècle, les nombreux aménagements (lien vers l'article "La Seine et ses îles") réalisés pour faciliter la navigation, ont entraîné une importante régression d’une espèce emblématique des rivières de plaine : le brochet.

Ainsi, devant la quasi-disparition du brochet en Seine suite à la réalisation de ces grands travaux dans les années 50, le bras mort a fait l’objet d’un projet de restauration initié par la Fédération de Seine Maritime pour la Pêche et la Protection de Milieu Aquatique en 2002.

Ce projet, financé par le Conseil Régional, la DIREN Haute Normandie, l’Union Nationale pour la Pêche en France, les Voies Navigables de France, la Communauté d’Agglomération d’Elbeuf et le Conseil Supérieur de la Pêche, est à l'origine de l'arrêté de Biotope.

C'est donc grâce au brochet, que le pélodyte ponctué et la grenouille rieuse doivent leur protection.

Les travaux de restauration de 2005

Initiés par La Fédération de Seine-Maritime pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique (FDAAPPMA76), les travaux ont été livrés en 2005. Ils ont consisté pour l’essentiel en un nivellement du terrain associé à la mise en place d’un ouvrage de régulation des niveaux d’eau dans le bras pour éviter les exondations (retrait de l'eau) désormais fréquentes. Le chantier a été réceptionné en novembre 2005.

La frayère de l’Ile du Noyer consiste en une prairie inondable d’une taille conséquente (8 500 m²), connectée à la Seine par le biais d’un ouvrage de régulation comprenant une buse d’un diamètre de 300 mm, une vanne et 6 ridelles pour retenir l’eau. L’entretien de la végétation et la gestion de l’ouvrage de régulation sont assurés par la FDAAPPMA76.

Suivi de gestion du site de 2006 à 2008

La gestion du site est ensuite prise en charge par la FDAAPPMA76, elle nécessite une attention particulière afin d’éviter l’exondation des œufs de brochet. L’évaluation de la qualité de l’aménagement et de sa gestion est alors confiée à l’ONEMA (Conseil Supérieur de la Pêche à l’époque), pour une durée de 3 ans.

Elle consiste à réaliser le suivi de la reproduction du brochet sur le site les années 2006, 2007 et 2008. Il ressort de ces trois années de suivi que les objectifs de fonctionnalité de la frayère ont été atteints. Ce suivi est depuis maintenu par la FDAAPPMA76 dans le but de s’assurer de la fonctionnalité annuelle de la frayère à brochet et d’adapter la gestion du site aux variations interannuelles des facteurs environnementaux.

Description du brochet

Le brochet est fusiforme et couvert de fines écailles, avec des différences selon son milieu de vie. Les flancs et le dos sont généralement verdâtres ou jaunâtres. Sa taille varie de 30 à 110 cm et son poids entre 2 et 10 kg. Il a une gueule longue, aplatie, et dotée de 700 dents pointues et crochues.

Ce carnassier est un super prédateur des eaux douces situé au sommet de la chaîne alimentaire. De par cette position, il est utilisé comme espèce repère car intégrateur des différentes composantes de cet écosystème. Ainsi, le fait de le protéger revient à protéger l’ensemble des espèces qui partagent son habitat (espèces d’eau calme).

La gueule du brochet

C'est un poisson dont le cycle de développement et l'équilibre des populations sont liés à la présence de végétation (aquatique et semi-aquatique). A tous les stades de développement (reproduction, recrutement, croissance), celle-ci joue un rôle fondamental tant comme support de ponte que comme abris pour les juvéniles et les adultes

Une reproduction dépendante du milieu

La reproduction est totalement dépendante de la présence de végétation aquatique ou semi aquatique qui sert de support de ponte.

Les zones favorables à la reproduction (ZFR) se caractérisent par une faible profondeur qui permet un réchauffement rapide de l’eau et ainsi un développement précoce et important du zooplancton qui sert de nourriture aux alevins durant les 1ers jours après leur éclosion.

Ces ZFR peuvent être regroupées en deux grands types principaux :

• Frayères de type "prairie inondable" où le support de ponte est constitué par une végétation dressée de type graminoïde. Ce type de frayère présente des qualités optimales pour les conditions évoquées ci-dessus ;

• Frayères dites "de pleine eau" où la végétation est constituée par des herbiers aquatiques dans des anses ou bras mort peu profonds.

Le biotope de saint-Aubin, une prairie inondable Frayères de type "prairie inondable"

Cycle biologique du brochet (extrait de Chancerel F. : le brochet, biologie et gestion) Cliquer sur la vignette pour agrandir l'image ->

Méthodologie de suivi

La méthodologie est basée sur celle mise en place et utilisée (depuis 1998), par la Cellule Plan Loire pour évaluer la fonctionnalité d'annexes hydrauliques restaurées.

Ce protocole, qui consiste en une série d’observations essentiellement visuelles entre la fin de l’hiver et la mi-mai, permet d’évaluer le fonctionnement hydraulique des annexes à partir de l'espèce indicatrice retenue (le brochet) et, de manière plus sommaire, la richesse faunistique et floristique des milieux suivis.

larve de plécoptère.

Triton à crête

Le site aujourd'hui

Le site de l’Ile au Noyer est une grande prairie inondable avec du pâturage équin sur sa partie amont.

A cette date, l’ensemble de la frayère est végétalisé. On note ainsi la dominance des carex sur la partie basse de la frayère alors que la prairie pâturée en amont est composée essentiellement de baldingères et autres graminées semi-aquatiques. Ces formations végétales constituent des supports privilégiés pour les pontes des brochets mais également pour de nombreuses espèces de batraciens dont le pélodyte ponctué et la grenouille rieuse, espèces également protégées.

Et demain ?

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- - - Annexe - - -

Contenu de l'arrêté préfectoral instituant le Biotope sur l'île du Noyer en date du 24 juin 2003.

L'Esox lucius

Le bras mort, régulièrement inondé et constitué de prairies mésohygrophiles à hygrophiles, constitue une zone de frayère pour le brochet (Esox lucius), espèce protégée au niveau national.

Le mode de reproduction du brochet impose ce type de milieux : se reproduisant à la fin de l'hiver, à une époque où la végétation aquatique n'est pas encore développée, il dépose ses œufs sur les supports végétaux terrestres immergés lors des crues.

Ces zones abritant également les réserves alimentaires nécessaires aux alevins, elles doivent rester en eau pendant 8 à 10 semaines pour permettre cette phase d'alimentation.

Les endiguements et les élargissements des grands cours d'eau, les remblaiements des zones inondables ont considérablement réduit les zones potentielles de frayère du brochet. De plus, le contrôle des débits limite l'importance des petites inondations saisonnières et les différents aménagements provoquent des crues plus fortes mais moins étalées dans le temps qui ne laissent souvent plus le temps nécessaire aux différentes phases de la reproduction du brochet. Lien vers "Le cycle de vie du brochet".

Ces facteurs font du brochet une espèce en déclin à l'échelle française et menacée à l'échelle du bassin de la Seine.

Il est donc d'une grande opportunité d'assurer la protection des frayères encore existantes. La frayère de l'Ile du Noyer a de plus bénéficié de travaux permettant d'assurer sa bonne fonctionnalité.

Le Pélodyte ponctué

La Rana ridibunda On peut noter également la présence de la Grenouille rieuse (Rana ridibunda) plus commune dans la région mais également en déclin.

Des espèces végétales exceptionnelles

Outre ces espèces protégées, la zone accueille une espèce végétale exceptionnelle, le Galinsoge à petites fleurs (Galinsoga parviflora), trois espèces végétales très rares, le Plantain d'eau à feuilles lancéolées (Alisma lanceolatum), le Passerage à larges feuilles (Lepidium latifolium), le Rinanthe velu (Rinanthus alectorolophus ssp. Buccalis var. Arvensis) et deux espèces végétales rares, le Butome en ombelle (Butomus umbellatus), l’Oenanthe aquatique (Oenanthe aquatica).

Lepidium latifolium	Butomus umbellatus	Galinsoga parviflora

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