Réservoir de biodiversité et corridor écologique
Qu'est ce qu'une trame verte et bleue ?

Rappel : Les causes de la perte de la biodiversité:

Les principales causes d’érosion de la biodiversité sont :

la dégradation et la destruction des milieux naturels ;

la surexploitation des ressources naturelles ;

la généralisation des pollutions de diverses origines ;

le changement climatique ;

le développement d’espèces exotiques envahissantes.

Objectifs à atteindre pour protéger la biodiversité ordinaire

Parmi les objectifs de la stratégie nationale pour la biodiversité figure la volonté de :

  • limiter les effets de la perte, de la dégradation et de la fragmentation des habitats naturels, considérées dans les pays industrialisés comme la première cause de l’érosion de la biodiversité.

  • prendre en compte l’importance de la taille et de la qualité intérieure des milieux de vie des espèces, ainsi que de la création, de la conservation et de la restauration de corridors écologiques favorisant les déplacements et les échanges entre les habitats suivant la théorie des métapopulations (*).

* Une métapopulation est un ensemble de populations d’une même espèce réparties dans l’espace, entre lesquelles il existe des échanges plus ou moins réguliers et importants d’individus. La survie d’une métapopulation est donc dépendante du bon état des connexions entre ses populations.

 
  • maintenir des structures paysagères permettant la connexion des habitats naturels et le bon fonctionnement écologique du paysage grâce à l'écologie du paysage(*).

* L'écologie du paysage étudie les relations entre les structures paysagères et leur fonctionnement écologique.

La biodiversité ne peut être conservée que par une gestion globale du territoire permettant non seulement de conserver ou restaurer des sites naturels remarquables et leurs connexions, mais également de préserver ou améliorer la qualité de milieux accueillant des espèces plus communes mais néanmoins en régression.

Principe d'un réseau écologique

Chaque espèce, voire chaque population, a des capacités de dispersion différentes. Pour une espèce donnée, le territoire utilisé comporte des zones vitales (réservoirs de biodiversité) où les individus réalisent la plupart de leur cycle (site de reproduction, sites d’alimentation…). Ces zones vitales peuvent être proches ou éloignées. Par exemple pour les amphibiens, les mares de pontes sont éloignées de quelques centaines de mètres des sites d’hivernage. Pour les canards hivernants, les sites d’alimentation peuvent se trouver à plus d’une dizaine de kilomètres des sites de repos. Pour les migrateurs au long cours (Cigogne blanche…), les haltes migratoires sont distantes de plusieurs centaines de kilomètres.

Dans ce cas, la continuité de circulation ne correspond pas à une continuité spatiale. La constitution d’une trame verte et bleue ne se traduit donc pas automatiquement par une continuité territoriale.

 

Il existe donc autant de réseaux écologiques à proprement parler que d’espèces.

Dans un souci de synthèse, on peut regrouper les espèces ayant des besoins proches et fréquentant des milieux de même type. On parlera ainsi des oiseaux forestiers ou des espèces végétales des pelouses calcaires… puis par glissement, des milieux forestiers et des pelouses…Cette approche réductrice est nécessaire pour établir une trame verte et bleue qui soit visible sur le terrain.

Le réseau écologique vise à favoriser le déplacement des espèces entre les habitats favorables dispersés sur leur aire de répartition. Chaque espèce, voire chaque population a des capacités de dispersion différentes mais afin de simplifier l’approche, l’habitude a été prise de raisonner à l’échelle de grands types de milieux naturels : on parlera ainsi d’un réseau écologique ; forestier, aquatique etc....

Différentes approches pour concevoir un réseau écologique

Plusieurs approches sont possibles pour la définition d’un réseau écologique ou d’une trame verte et bleue. Certaines s’appuient sur un réseau d’aires protégées : il s’agit alors de favoriser le passage d’une aire à l’autre.

Pour importante qu’elle soit dans la conservation de certains éléments de la biodiversité, cette approche peut être restrictive au regard des enjeux en matière de biodiversité dite ordinaire sur certains territoires. En effet, cette approche est limitée à quelques espèces et habitats souvent qualifiés de menacés et méritant de ce fait une attention particulière.

D’autres font le choix de favoriser la libre expression des capacités adaptatives des espèces et des écosystèmes en limitant les freins et barrières d’origine humaine. Plusieurs entrées sont alors envisageables pour établir l’ossature d’une trame verte et bleue :

  • par les espèces : en partant du postulat que la connectivité sert au déplacement des individus, il s’agit de cibler le maintien ou la restauration de cette connectivité sur certaines espèces. Cependant, le fait de se restreindre à un trop petit nombre d’espèces peut être discutable. Il est alors possible de travailler sur des groupes d’espèces pas trop rares et caractéristiques chacun d’un type d’habitat donné. La localisation des habitats associés à ces communautés permet de réfléchir aux liaisons à maintenir/recréer (approche « espèces puis habitats ») ;

 
  • par les habitats : plutôt que de devoir choisir des cortèges d’espèces, se focaliser sur les habitats permet d’assurer la sauvegarde des espèces qui y sont inféodées (approche « habitats puis espèces ») ;

  • par les zones d’intérêt écologique majeur qui abritent une grande diversité biologique d’espèces et d’habitats qu’il convient de favoriser en permettant des échanges entre elles. Des ZNIEFF de type 1 pourraient être ces zones. L’intérêt est qu’elles sont disponibles immédiatement et qu’elles résultent d’une articulation national/régional (approche mixte « espèces et habitats ») ;

  • par les paysages : il s’agit de favoriser les structures paysagères qui permettent la connexion des habitats naturels (approche « écopaysages »).

Les réservoirs de biodiversité et les corridors

Pour un milieu donné, un réseau est constitué de deux composantes principales que l’on peut baptiser, par souci de simplicité, les réservoirs de biodiversité et les corridors (pour permettre les échanges entre les réservoirs de biodiversité).

Le type de gestion recherché dépend des espèces et des habitats concernés.

Réservoir de biodiversité : espace qui présente une biodiversité remarquable et dans lequel vivent des espèces patrimoniales à sauvegarder. Ces espèces y trouvent les conditions favorables pour réaliser tout ou partie de leur cycle de vie (alimentation et repos, reproduction et hivernage…). Ce sont soit des réservoirs biologiques à partir desquels des individus d’espèces présentes se dispersent, soit des espaces rassemblant des milieux de grand intérêt. Ces réservoirs de biodiversité peuvent également accueillir des individus d’espèces venant d’autres réservoirs de biodiversité. Ce terme sera utilisé de manière pratique pour désigner « les espaces naturels, les cours d’eau, parties de cours d’eau, canaux et zones humides importants pour la préservation de la biodiversité.

Corridor écologique : les corridors écologiques sont des axes de communication biologique,plus ou moins larges, continus ou non, empruntés par la faune et la flore, qui relient les réservoirs de biodiversité.

Exemple de réseau écologique : réseau forestier

Par exemple, le réseau forestier d’un territoire pourra être composé :

  • des forêts et bois de ce territoire, les plus riches et remarquables constituant ses réservoirs de biodiversité,

  • des haies et bosquets de ce territoire, susceptibles de jouer le rôle de corridors, soit linéaire, soit de type « pas japonais ».

C’est la qualité des milieux et le caractère continu des réseaux écologiques qui permettront d’assurer la fonctionnalité des écosystèmes.

Gestion des réservoirs de biodiversité

La gestion des réservoirs de biodiversité visera :

  • d’une part à conserver ou à améliorer les types de gestion qui ont permis à cette zone d’être un réservoir biologique capable « d’exporter » des individus des espèces qui se nourrissent et se reproduisent dans ce réservoir de biodiversité.

  • d’autre part à éviter de fragmenter cette zone par de nouvelles infrastructures linéaires ou par l’urbanisation, et à améliorer la perméabilité des infrastructures existantes.

Gestions des corridors

La gestion des corridors visera à permettre la mobilité des espèces que l’on souhaite favoriser.

La trame bleue est la notion de continuité écologique des cours d'eau

Le besoin de libre circulation des espèces concerne aussi les écosystèmes aquatiques, aussi bien pour les espèces migratrices qui vivent une partie de leur cycle en eau douce et l'autre dans le milieu marin (ex : saumon, anguille) que pour celles qui vivent toute leur existante dans un seul milieu aquatique.

La trame bleue est constituée de cours d'eau et de zones humides.

Les cours d'eau prioritaires sont ceux qui répondent à au moins un des critères suivants :

    • ceux en très bon état écologique,

    • ceux qui jouent un rôle de réservoir biologique nécessaire au bon état des cours d'eau d'un bassin versant,

    • ceux qui nécessitent une protection complète des poissons migrateurs

Les zones humides dont la préservation ou la restauration est nécessaire.

Les zones humides jouent un rôle important pour la trame verte et bleue parce qu'elles sont en forte relation fonctionnelle à la fois avec les milieux aquatiques et terrestres et jouent un rôle important pour leur biodiversité.

 

La nature multidimensionnelle d’un réseau écologique

La trame verte et bleue est un réseau écologique complet lié à deux dimensions principales :

1/ La diversité des milieux présents sur le territoire étudié.

À chaque type de milieu correspond en effet une sous-trame. On distinguera par exemple une sous-trame forestière, une sous-trame des zones humides, une sous-trame aquatique (eaux courantes), une sous-trame des milieux agricoles extensifs, etc… C’est l’ensemble de ces sous-trames qui forme le réseau écologique global du territoire étudié. La définition des sous-trames nécessite une adaptation avec les caractéristiques et enjeux du territoire. Pour certains territoires, il conviendra de dégager une sous-trame des prairies humides, pour d’autres, une sous-trame des landes, de pelouses calcaires, etc.

2/ Les différents niveaux territoriaux existants.

Le territoire étudié se situe à un certain niveau dans l’emboîtement des échelles territoriales, du local à l’international.

Une trame verte et bleue peut aussi bien exister à une échelle continentale, qu’à une échelle nationale, régionale, intercommunale ou communale. Les trames vertes et bleues des différents niveaux territoriaux s’articulent de façon cohérente : chacune apporte une réponse aux enjeux de son territoire en matière de biodiversité et contribue à répondre aux enjeux des niveaux supérieurs.

Sur un territoire donné, pour maintenir ou rétablir un maillage écologique favorable au déplacement d’un maximum d’espèces, y compris floristiques, plusieurs échelles doivent être prises en compte. Par exemple, pour des espèces qui peuvent se déplacer sur de longues distances, l’échelle nationale et/ou régionale sera pertinente pour préciser spatialement les enjeux et les grands choix. Pour des espèces ayant des capacités moindres de déplacement comme les amphibiens, l’échelle communale ou intercommunale sera pertinente.

La trame verte et bleue a pour objectif principal de contribuer à enrayer la perte de biodiversité en renforçant la préservation et la restauration des continuités écologiques entre les milieux naturels. Elle a également un rôle de fourniture de ressources et de services écologiques d’une manière diffuse sur le territoire, grâce au maillage de celui-ci.

 

 

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