Planter des haies champêtres

Pourquoi une haie champêtre ?

Les haies champêtres sont le refuge d’une multitude d’animaux. Elles jouent un rôle important dans la nidification des oiseaux et offrent aussi de nombreux avantages aussi bien à la ville qu’à la campagne : elles peuvent délimiter un jardin, une parcelle d’élevage, servir de coupe-vent, limiter les attaques parasitaires ou encore empêcher l’érosion d’un talus. Nous vous proposons d’apprendre à mieux les connaître et vous donnons quelques indications sur la façon de les tailler.


La mode du Thuya au fond du jardin : un mur inerte, souvent inesthétique et stérile.

Privilégiez les essences indigènes, existant à l’état sauvage dans la région : évoluant dans ce milieu depuis des millénaires, elles sont parfaitement adaptées, et donc, s’implantent facilement et sont plus résistantes.  Elles favorisent le développement de nombreuses espèces animales et contribuent à la biodiversité. Choisissez par exemple le chêne pédonculé, le charme commun, l'aubépine, le sureau noir,...)

Les haies champêtres participent à notre cadre de vie

Qu'est ce qu'une haie champêtre ?

Progressivement, arbres et arbustes indigènes disparaissent de nos paysages. A la campagne, les remembrements ont détruit nombre de haies, bosquets, alignements et arbres remarquables.

En ville et dans les lotissements, les espaces verts sont trop souvent synonymes de gazon ras et les plantations sont généralement exotiques et uniformes.


Une haie composée d'essences locales et variées

Fonctions de la haie champêtre

  • Maîtrise du ruissellement pluvial et conservation des sols : favorisant l’infiltration de l’eau grâce à leurs racines, et l’évapotranspiration grâce à leur feuillage, les haies contribuent à diminuer et freiner les ruissellements.

  • Prévention des catastrophes naturelles : la prévention des inondations par coulées boueuses pourrait être nettement améliorée par la création d’un nouveau bocage, créateur de surfaces de rétention pour l’eau de ruissellement au niveau de chaque parcelle.

  • Brise-vent : les haies protègent contre les bourrasques (bâtiments, vergers, cultures, bétail...)

  • Confinement des pollutions : les haies captent et contribuent à dégrader les polluants véhiculés par les eaux de ruissellement.

  • Production de bois de chauffage : dans une perspective de production durable d’énergie à l’horizon de quelques décennies, l’investissement dans des plantations massives, non forestières, à vocation énergétique semble opportun.


Le bruant jaune appartient aux nombreuses espèces d'oiseaux qui fréquentent la haie.

 


Les haies champêtres participent à notre cadre de vie

  • Sauvegarde de la biodiversité : les haies constituent d’indispensables refuges pour de nombreuses espèces animales et végétales. Elles forment des "corridors écologiques" permettant les déplacements de certaines espèces et le brassage génétique des populations.

Haies champêtres :
un refuge pour la biodiversité

La haie présente trois strates distinctes : une strate herbacée, une strate arbustive et une strate arborescente.

Les haies champêtres fournissent de la nourriture et des abris à de nombreuses espèces. Lorsqu’elles relient deux zones boisées, elles jouent alors le rôle de corridors le long desquels les animaux peuvent se déplacer. Les haies accueillent certains oiseaux forestiers, des mammifères et de nombreux papillons. Les fossés et les talus qui sont associés aux haies offrent des habitats aux grenouilles, crapauds, tritons et reptiles.

Il est donc très important d’offrir différentes strates et des densités d’arbres et d’arbustes variées pour la faune.

De même, le maintien d’un couvert herbacé au pied de la haie est indispensable.

La bordure herbeuse peut fournir les matériaux pour la construction des nids et abrite également de nombreuses larves d’insectes, notamment des chenilles, pour la nourriture des jeunes oiseaux.

De plus, les fleurs sauvages et les herbes qui poussent au pied de la haie dissimulent les nichées vis à vis des prédateurs.

En hiver, les haies sont des sites de nourrissage pour les oiseaux sédentaires et hivernants comme la grive litorne et la grive mauvis.

Comment tailler la haie champêtre

Cette taille peut se pratiquer sur les petites haies de jardin à l’aide d’un sécateur, d’une pince coupante ou encore de cisailles.

On distingue deux types de taille :


La taille de recépage des arbustes


La taille légère des touffes déjà bien ramifiées

La taille d’entretien

Elle se pratique sur les haies déjà formées (à partir de 3-4 ans) à la fréquence de 1 ou 2 fois par an (à la fin de l’hiver et en été). La taille douce est la méthode qui convient le mieux dans ce cas : elle respecte la forme naturelle des arbustes et ainsi l’équilibre global de la haie. Cela consiste à éliminer certaines branches par rapport à d’autres (sélection) en respectant la forme originale de l’arbre. Les petites branches mortes peuvent être coupées. Les plus gros arbres morts de la haie devront être conservés pour les insectes xylophages et pour l'intérêt de leurs cavités.

A quelle période tailler ?

Ne jamais tailler les haies durant la saison de nidification, c’est à dire du mois de mars au mois d’août en France. La taille peut généralement se faire l’automne ou l’hiver (à partir de septembre-octobre).

Maintenez la couverture herbeuse de fin d’hiver et de début de printemps : cela constituera plus tard le refuge de certaines espèces qui nichent au sol.

 

La taille de formation

Elle se fait les premières années (1-3 ans) et permet une bonne ramification à la base de la haie. Pour les arbustes des haies champêtres, il faut faire une taille très forte un an après la plantation : cette taille est appelée taille de recépage(ci-contre). Les tiges des jeunes plants sont rabattues à 5-10 cm de hauteur. Cela permettra d’obtenir une forme buissonnante par la suite.

Si la ramification est insuffisante 1 an après ce premier recépage, une deuxième taille peut être faite la deuxième année. Sur les touffes déjà bien ramifiées, on ne fera qu’une taille légère : seules les jeunes pousses de l’année sont raccourcies du 1/3 ou de la moitié de leur longueur pour provoquer une ramification qui densifie la plante.

Les haies et la loi

En France, les plantations de voisinage sont soumises à une réglementation définie par le code civil :

D’après l’article 671 du code civil :

  • aucune plantation n’est autorisée dans la bande des 50 premiers centimètres qui longe la limite séparatrice de deux terrains contigus ;

  • seules les plantations qui ne dépassent pas une hauteur de 2 mètres sont autorisées au delà des 50 premiers centimètres ;

  • à partir d’une distance de 2 mètres, toutes les plantations, quelle que soit leur hauteur, sont autorisées.

D’après l’article 672 du code civil :

  • tout arbre ayant atteint au moins 2 mètres de haut et ayant au moins 30 ans peut être conservé quelle que soit sa position par rapport à la limite contiguë des deux terrains.

    Dans ce cas, il faut essayer d’apporter la preuve que l’arbre a atteint la taille de 2 mètres en trente ans en demandant par exemple à un technicien de l’ONF (Office National des Forêts) qui peut le faire aisément : il suffit de pratiquer un mince carottage dans le tronc et de lire l’âge en comptant les cernes (cette opération, si elle est bien faite, n’entraîne aucun dommage à l’arbre).

 

Ces règles s'appliquent tout naturellement à Saint-Aubin-lès-Elbeuf. Cependant, quelques précisions sont apportées dans le Plan d'Occupation des Sols (POS) de la commune :

Sur la quasi-totalité du territoire (zone UC-UD-Na), les articles 13.2 et 13.3 s'appliquent :

  • 13.2 : Les plantations existantes doivent être maintenues ou remplacées par des plantations constituées d'essences locales.

  • 13.3 : Les plantations d'alignement, les haies vives et les écrans de verdure doivent être constitués d'espèces locales (hêtres, chênes, charmes, frênes, châtaigniers, merisiers, érables, noisetiers, houx, ifs,...)

En zone ND*, zone particulièrement sensible des bords de Seine, trois articles s'appliquent :

  • 13.2 : Les plantations doivent être maintenues. Les arbres abattus sont remplacés par des plantations équivalentes.

  • 13.3 Les alignements d'arbres de grand développement nécessaires au maintien du cadre naturel doivent être sauvegardés, entretenus, rénovés et aménagés.

  • 13.3 : Les plantations d'alignement, les haies vives et les écrans de verdure doivent être constitués d'espèces locales (hêtres, chênes, charmes, frênes, châtaigniers, merisiers, érables, noisetiers, houx, ifs,...)

Zone ND : Zone naturelle à protéger en raison de la qualité des sites, des milieux naturels, des paysages et de leurs intérêts notamment du point de vue esthétique et écologique ou de l'existence de risques.

Quels arbres et arbustes planter ?

Les meilleurs arbres et arbustes, du point de vue de la biodiversité appartiennent pour la plupart à la flore indigène (locale). A la différence des essences exotiques, elles nourrissent un cortège impressionnant d'invertébrés : chenilles sur les feuilles, hyménoptères ou diptères divers dans les galles, abeilles et bourdons butinant sur les fleurs ou le miellat excrété par les pucerons.

Les épineux (houx, aubépine, prunellier,...) offrent une protection efficace aux oiseaux nicheurs. D'autres arbustes dont les tiges sont remplies de moelle (sureau par exemple) et donc faciles à creuser, sont propices à l'établissement des nids des abeilles et des guêpes solitaires.

Une mention spéciale pour le lierre qui cumule trois vertus : une floraison attractive pour les insectes à une époque tardive de l'année (septembre - octobre) où les sources de pollen et de nectar se font rares ; des fruits appréciés par les oiseaux ; un feuillage persistant et touffu, propice à leur nidification.

Pour les oiseaux et les mammifères, grâce à leurs fruits : argousier, cornouiller mâlel, lierre, néflier, noisetier, sorbier, sureau, etc....

Pour les insectes (notamment les insectes auxiliaires du jardinier) : aulne glutineux, buis, laurier, lierre, noisetier, sureau, etc...

Pour leurs tiges creuses ou pleines de moelle : bourdaine, églantier, framboisier, ronce, rosier, sureau.

Pour le nectar : framboisier, ronce, lierre, tilleul, châtaignier, robinier,...


Cornouiller sanguin

 


Hyménoptères


Fusain


La haie couverte de fruits d'aubépine, un petit coin de paradis pour les oiseaux !

Comment planter sa haie champêtre ?

 

Les arbres peuvent être plantés isolés ou en bouquets, en respectant les usages locaux en matière de distance minimale des limites séparatives.

Les arbustes, eux, constituent des massifs ou des haies.

Pour qu'une haie soit source de biodiversité, elle doit satisfaire à certains critères :

  • largeur suffisante (si possible plus de 3 mètres),

  • densité élevée (1 arbuste/mètre linéaire),

  • base garnie de plantes herbacées,

  • connexion avec d'autres sources de biodiversité : autre haie, bois, bosquet, zone humide, friche,...

  • entretien adapté : pas de désherbage au pied d'une haie développée, maîtrise des essences envahissantes au moyen de la taille,

 
  • conservation des arbres morts (sauf ceux qui peuvent être dangereux par leur chute),

  • création d'arbres têtards (étêter régulièrement),

  • haie diversifiée (l'idéal : une quinzaine d'espèces) avec une base d'essences autochtones (adaptées au sol et au climat) pour permettre une intégration dans l'écosystème environnant,

  • planter de manière aléatoire ou par ilot d'une même espèce, plutôt qu'en alternant régulièrement les espèces,

  • laisser se développer les drageons et les semis naturels de la haie.

 

Les variétés d'arbres et d'arbustes

Retrouvez des informations sur les différentes variétés d'arbres et d'arbustes sur les liens suivants :

http://www.haiesvives.org/html/
cadreaccueil.htm

http://www.arehn.asso.fr/publications/
cpa/cpa11.pdf

 

Les haies "tétards" et champêtres jouent un rôle important en terme de qualité et de développement durable. Le Département de la Seine-Maritime a décidé depuis 2004 de créer, restaurer et préserver les haies caractéristiques des paysages Seino-Marins. Une politique d'aides a été lancée en 2009 pour la plantation des haies.

Pour plus d'infos sur les subventions accordées : www.seinemaritime.net/haies

 

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